25
Apr
2006

gratia

30---
Celle de toujours, toute

Si je vous dis : " j'ai tout abandonné "
C'est qu'elle n'est pas celle de mon corps,
Je ne m'en suis jamais vanté,
Ce n'est pas vrai
Et la brume de fond où je me meus
Ne sait jamais si j'ai passé.

L'éventail de sa bouche, le reflet de ses yeux,
Je suis le seul à en parler,
je suis le seul qui soit concerné
Par ce miroir si nul où l'air circule à travers moi
Et l'air a un visage aimant, ton visage,
A toi qui n'as pas de nom et que les autres ignorent,
La mer te dit : sur moi, le ciel te dit : sur moi,
Les astres te devinent, les nuages t'imaginent
Et le sang de la générosité
Te porte avec délices.
Je chante la grande joie de te chanter,
La grande joie de t'avoir ou de ne pas t'avoir,
La candeur de t'attendre, l'innocence de te connaitre,

O toi qui supprimes l'oubli, l'espoir et l'ignorance,
Qui supprimes l'absence et qui me mets au monde,
Je chante pour chanter, je t'aime pour chanter
Le mystère où l'amour me crée et se délivre.

Tu es pure, tu es encore plus pure que moi-même.

Paul Eluard- entre Oct. 1924 et aout 1926 -

31---
Nous avons fait la nuit

Nous avons fait la nuit je tiens ta main je veille
Je te soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l'étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée ta voix publique
Je ris encore de l'orgueilleuse
que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d'accord avec la tienne avec la nuit
Je m'émerveille de l'inconnue semblable à toi semblable à tout ce que j'aime

Qui est toujours nouveau.

Paul Eluard- 1936 -

32---
I


A quoi penses-tu ?
Je pense au premier baiser que je te donnerai.


II


Baisers semblables aux paroles du rêveur
Vous êtes au service des forces inventées.


III


Aux rues de petites amours
Les murs finissent en nuit noire
J'aime
Et mes rideaux sont blancs.


IV


Sans éclat et douce à son nid
Elle apparaît dans un sourire.


V


Le 21 du mois de juin 1906
A midi
Tu m'as donné la vie.


VI


J'ai dit facile et ce qui est facile
C'est la fidélité.


VII


Il faut la voir au dur soleil grevé de roches inaccessibles
Il faut la voir en pleine nuit
Il faut la voir quand elle est seule.

Paul Eluard- 1942 -

33---
Dominique aujourd'hui présente


Toutes les choses au hasard
Tous les mots dits sans y penser
Et qui sont pris comme ils sont dits
Et nul n'y perd et nul n'y gagne

Les sentiments à la dérive
Et l'effort le plus quotidien
Le vague souvenir des songes
L'avenir en butte à demain

Les mots coincés dans un enfer
De roues usées de lignes mortes
Les choses grises et semblables
Les hommes tournant dans le vent

Muscles voyants squelette intime
Et la vapeur des sentiments
Le coeur réglé comme un cercueil
Les espoirs réduits à néant

Tu es venue l'après-midi crevait la terre
Et la terre et les hommes ont changé de sens
Et je me suis trouvé réglé comme un aimant
Réglé comme une vigne

A l'infini notre chemin le but des autres
Des abeilles volaient futures de leur miel
Et j'ai multiplié mes désirs de lumière
Pour en comprendre la raison

Tu es venue j'étais très triste j'ai dit oui
C'est à partir de toi que j'ai dit oui au monde
Petite fille je t'aimais comme un garcon
Ne peut aimer que son enfance

Avec la force d'un passé très loin très pur
Avec le feu d'une chanson sans fausse note
La pierre intacte et le courant furtif du sang
Dans la gorge et les lèvres

Tu es venue le voeu de vivre avait un corps
Il creusait la nuit lourde il caressait les ombres
Pour dissoudre leur boue et fondre leurs glacons
Comme un oeil qui voit clair

L'herbe fine figeait le vol des hirondelles
Et l'automne pesait dans le sac des ténèbres
Tu es venue les rives libéraient le fleuve
Pour le mener jusqu'à la mer

Tu es venue plus haute au fond de ma douleur
Que l'arbre séparé de la forêt sans air
Et le cri du chagrin du doute s'est brisé
Devant le jour de notre amour

Gloire l'ombre et la honte ont cédé au soleil
Le poids s'est allégé le fardeau s'est fait rire
Gloire le souterrain est devenu sommet
La misère s'est effacée

La place d'habitude où je m'abêtissais
Le couloir sans réveil l'impasse et la fatigue
Se sont mis à briller d'un feu battant des mains
L'éternité s'est dépliée

O toi mon agitée et ma calme pensée
Mon silence sonore et mon écho secret
Mon aveugle voyante et ma vue dépassée
Je n'ai plus eu que ta présence

Tu m'as couvert de ta confiance.

Paul Eluard- 1950 -

34---
Je t'aime


Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

Paul Eluard- 1950 -

35---

All things mellow in the mind,
a slight of hand, a trick of time.
And even our great love will fade,
soon we'll be strangers in the grave.

That's why this moment is so dear.
I kiss your lips, and we are here,
so let's hold tight, and touch and feel,
for this quick instant, we are real.

36---
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit
Et les passants qui passent les désignent du doigt
Mais les enfant qui s'aiment ne sont là pour personne
Et c'est seulement leur ombre qui tremble dans la nuit,
Excitant la rage des passants
Leur rage, leur mépris, leur rire et leur envie
Les enfants qui s'aiment ne sont là pour personne
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
Ils sont ailleurs bien plus loin que la nuit
Bien plus haut que le jour
Dans l'éblouissante clarté de leur premier amour.
Jacques Prévert
37---
Nous ferons, ma Diane, un jardin fructueux :
J'en serai laboureur, vous dame et gardienne.
Vous donnerez le champ, je fournirai de peine,
Afin que son honneur soit commun à nous deux.

Les fleurs dont ce parterre éjouira nos yeux
Seront vers florissants, leurs sujets sont la graine,
Mes yeux l'arroseront et seront sa fontaine
Il aura pour zéphyrs mes soupirs amoureux.

Vous y verrez mêlés mille beautés écloses,
Soucis, oeillets et lys, sans épines les roses,
Ancolie et pensée, et pourrez y choisir

Fruits sucrés de durée, après des fleurs d'attente,
Et puis nous partirons à votre choix la rente :
A moi toute la peine, et à vous le plaisir.

Théodore Agrippa d'Aubigné

38---

Alfred De Musset

Une gaieté triste

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur:
N'est-ce point assez d'aimer sa maîtresse?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est perdre en désirs le temps du bonheur?

Il m'a répondu: Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez d'aimer sa maîtresse;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les plaisirs passés?

J'ai dit à mon coeur, à mon faible coeur:
N'est-ce point assez de tant de tristesse?
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse,
C'est à chaque pas trouver la douleur?

Il m'a répondu: Ce n'est point assez,
Ce n'est point assez de tant de tristesse;
Et ne vois-tu pas que changer sans cesse
Nous rend doux et chers les chagrins passés?

39---

Il faut, dans ce bas monde, aimer beaucoup de choses,
Pour savoir, après tout, ce qu'on aime le mieux,
Les bonbons, l'Océan, le jeu, l'azur des cieux,
Les femmes, les chevaux, les lauriers et les roses.

Il faut rouler aux pieds des fleurs à peine écloses;
Il faut beaucoup pleurer, dire beaucoup d'adieux.
Puis le coeur s'aperçoit qu'il est devenu vieux,
Et l'effet qui s'en va nous découvre les causes.

De ces biens passagers que l'on goûte à demi,
Le meilleur qui nous reste est un ancien ami.
On se brouille, on se fuit. Qu'un hasard nous rassemble,

On s'approche, on sourit, la main touche la main,
Et nous nous souvenons que nous marchions ensemble,
Que l'âme est immortelle, et qu'hier c'est demain.

Alfred De Musset


40---

Ah vastedad de pinos, rumor de olas quebrándose,
lento juego de luces, campana solitaria,
crepúsculo cayendo en tus ojos, muñeca,
caracola terrestre, en ti la tierra canta!

En ti los ríos cantan y mi alma en ellos huye
como tú lo desees y hacia donde tú quieras.
Márcame mi camino en tu arco de esperanza
y soltaré en delirio mi bandada de flechas.

En torno a mí estoy viendo tu cintura de niebla
y tu silencio acosa mis horas perseguidas,
y eres tú con tus brazos de piedra transparente
donde mis besos anclan y mi húmeda ansia anida.

Ah tu voz misteriosa que el amor tiñe y dobla
en el atardecer resonante y muriendo!
Así en horas profundas sobre los campos he visto
doblarse las espigas en la boca del viento.

Pablo Neruda

41---
Aquí te amo.
En los oscuros pinos se desenreda el viento.
Fosforece la luna sobre las aguas errantes.
Andan días iguales persiguiéndose.

Se desciñe la niebla en danzantes figuras.
Una gaviota de plata se descuelga del ocaso.
A veces una vela. Altas, altas estrellas.

O la cruz negra de un barco.
Solo.
A veces amanezco, y hasta mi alma está húmeda.
Suena, resuena el mar lejano.
Este es un puerto.
Aquí te amo.

Aquí te amo y en vano te oculta el horizonte.
Te estoy amando aún entre estas frías cosas.
A veces van mis besos en esos barcos graves,
que corren por el mar hacia donde no llegan.

Ya me veo olvidado como estas viejas anclas.
Son más tristes los muelles cuando atraca la tarde.
Se fatiga mi vida inútilmente hambrienta.
Amo lo que no tengo. Estás tú tan distante.

Mi hastío forcejea con los lentos crepúsculos.
Pero la noche llega y comienza a cantarme.
La luna hace girar su rodaje de sueño.

Me miran con tus ojos las estrellas más grandes.
Y como yo te amo, los pinos en el viento, quieren cantar tu nombre con sus
hojas de alambre.

Pablo Neruda

42---

Amor, ahora nos vamos a la casa
donde la enredadera sube por las escalas:
antes que llegues tú llegó a tu dormitorio
el verano desnudo con pies de madreselva.

Nuestros besos errantes recorrieron el mundo:
Armenia, espesa gota de miel desenterrada,
Ceylán, paloma verde, y el Yang Tsé separando
con antigua paciencia los días de las noches.

Y ahora, bienamada, por el mar crepitante
volvemos como dos aves ciegas al muro,
al nido de la lejana primavera,

porque el amor no puede volar sin detenerse:
al muro o a las piedras del mar van nuestras vidas,
a nuestro territorio regresaron los besos

Pablo Neruda

43---
Ebrio de trementina y largos besos,
estival, el velero de las rosas dirijo,
torcido hacia la muerte del delgado día,
cimentado en el sólido frenesí marino.

Pálido y amarrado a mi agua devorante
cruzo en el agrio olor del clima descubierto,
aún vestido de gris y sonidos amargos,
y una cimera triste de abandonada espuma.

Voy, duro de pasiones, montado en mi ola única,
lunar, solar, ardiente y frío, repentino,
dormido en la garganta de las afortunadas
islas blancas y dulces como caderas frescas.

Tiembla en la noche húmeda mi vestido de besos
locamente cargado de eléctricas gestiones,
de modo heroico dividido en sueños
y embriagadoras rosas practicándose en mí.

Aguas arriba, en medio de las olas externas,
tu paralelo cuerpo se sujeta en mis brazos
como un pez infinitamente pegado a mi alma
rápido y lento en la energía subceleste.

Pablo Neruda

44---
Ah vastedad de pinos, rumor de olas quebrándose,
lento juego de luces, campana solitaria,
crepúsculo cayendo en tus ojos, muñeca,
caracola terrestre, en ti la tierra canta!

En ti los ríos cantan y mi alma en ellos huye
como tú lo desees y hacia donde tú quieras.
Márcame mi camino en tu arco de esperanza
y soltaré en delirio mi bandada de flechas.

En torno a mí estoy viendo tu cintura de niebla
y tu silencio acosa mis horas perseguidas,
y eres tú con tus brazos de piedra transparente
donde mis besos anclan y mi húmeda ansia anida.

Ah tu voz misteriosa que el amor tiñe y dobla
en el atardecer resonante y muriendo!
Así en horas profundas sobre los campos he visto
doblarse las espigas en la boca del viento.

pablo Neruda

45---
Es la mañana llena de tempestad
en el corazón del verano.

Como pañuelos blancos de adiós viajan las nubes,
el viento las sacude con sus viajeras manos.

Innumerable corazón del viento
latiendo sobre nuestro silencio enamorado.

Zumbando entre los árboles, orquestal y divino,
como una lengua llena de guerras y de cantos.

Viento que lleva en rápido robo la hojarasca
y desvía las flechas latientes de los pájaros.

Viento que la derriba en ola sin espuma
y sustancia sin peso, y fuegos inclinados.

Se rompe y se sumerge su volumen de besos
combatido en la puerta del viento del verano

pablo Neruda

46---
POEMA 20

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.

Escribir, por ejemplo: «La noche está estrellada,
y tiritan, azules, los astros, a lo lejos».

El viento de la noche gira en el cielo y canta.

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.
Yo la quise, y a veces ella también me quiso.

En las noches como ésta la tuve entre mis brazos.
La besé tantas veces bajo el cielo infinito.

Ella me quiso, a veces yo también la quería.
Cómo no haber amado sus grandes ojos fijos.

Puedo escribir los versos más tristes esta noche.
Pensar que no la tengo. Sentir que la he perdido.

Oír la noche inmensa, más inmensa sin ella.
Y el verso cae al alma como al pasto el rocío.

Qué importa que mi amor no pudiera guardarla.
La noche está estrellada y ella no está conmigo.

Eso es todo. A lo lejos alguien canta. A lo lejos.
Mi alma no se contenta con haberla perdido.

Como para acercarla mi mirada la busca.
Mi corazón la busca, y ella no está conmigo.

La misma noche que hace blanquear los mismos árboles.
Nosotros, los de entonces, ya no somos los mismos.

Ya no la quiero, es cierto, pero cuánto la quise.
Mi voz buscaba el viento para tocar su oído.

De otro. Será de otro. Como antes de mis besos.
Su voz, su cuerpo claro. Sus ojos infinitos.

Ya no la quiero, es cierto, pero tal vez la quiero.
Es tan corto el amor, y es tan largo el olvido.

Porque en noches como ésta la tuve entre mis brazos,
Mi alma no se contenta con haberla perdido.

Aunque éste sea el último dolor que ella me causa,
y éstos sean los últimos versos que yo le escribo.

Pablo Neruda

47---
Veris leta facies
mundo propinatur,
hiemalis acies
victa iam fugatur,
in vestitu vario
Flora principatur,
nemorum dulcisono
que cantu celebratur.
Ah!

Flore fusus gremio
Phebus novo more
risum dat, hac vario
iam stipate flore.
Zephyrus nectareo
spirans in odore.
Certatim pro bravio
curramus in amore.
Ah!

Cytharizat cantico
dulcis Philomena,
flore rident vario
prata iam serena,
salit cetus avium
silve per amena,
chorus promit virgin
siam gaudia millena.
Ah!

48---
Chume, chum, geselle min,
ih enbite harte din,
ih enbite harte din,
chume, chum, geselle min.
Suzer rosenvarwer munt,
chum un mache mich gesunt
chum un mache mich gesunt,
suzer rosenvarwer munt

49---
Amor volat undique,
captus est libidine.
Iuvenes, iuvencule
coniunguntur merito.
Siqua sine socio,
caret omni gaudio;
tenet noctis infima
sub intimo
cordis in custodia:
fit res amarissima.

50---
Circa mea pectora
multa sunt suspiria
de tua pulchritudine,
que me ledunt misere.
Ah!

Mandaliet,
Mandaliet
min geselle
chumet niet.

Tui lucent oculi
sicut solis radii,
sicut splendor fulguris
lucem donat tenebris.
Ah!

Mandaliet
Mandaliet,
min geselle
chumet niet.

Vellet deus, vallent dii
quod mente proposui:
ut eius virginea
reserassem vincula.
Ah!

Mandaliet,
Mandaliet,
min geselle
chumet niet.

51---
Si puer cum puellula
moraretur in cellula,
felix coniunctio.
Amore suscrescente
pariter e medio
avulso procul tedio,
fit ludus ineffabilis
membris, lacertis, labiis
52---
Veni, veni, venias
Veni, veni, venias,
ne me mori facias,
hyrca, hyrce, nazaza,
trillirivos!

Pulchra tibi facies
oculorum acies,
capillorum series,
o quam clara species!

Rosa rubicundior,
lilio candidior
omnibus formosior,
semper in te glorior!

53---
In truitina mentis dubia
fluctuant contraria
lascivus amor et pudicitia.

Sed eligo quod video,
collum iugo prebeo:
ad iugum tamen suave transeo.

54---
Tempus es iocundum,
o virgines,
modo congaudete
vos iuvenes.
Oh, oh, oh,
totus floreo,
iam amore virginali totus ardeo
novus, novus amorest, quo pereo.

Mea me confortat
promissio,
mea me deportat
Oh, oh, oh
totus floreo
iam amore virginali totus ardeo
novus, novus amorest, quo pereo.

Tempore brumali
vir patiens,
animo vernali
lasciviens.
Oh, oh, oh,
totus floreo,
iam amore virginali totus ardeo
novus, novus amorest, quo pereo.

Mea mecum ludit
virginitas,
mea me detrudit
simplicitas.
Oh, oh, oh,
totus floreo,
iam amore virginali totus ardeo,
novus, novus amor est, quo pereo.

Veni, domicella,
cum gaudio,
veni, veni, pulchra,
iam pereo.
Oh, oh, oh,
totus floreo,
iam amore virginali totus ardeo,
novus, novus amorest, quo pereo.
55---
Ave formosissima,
gemma pretiosa,
ave decus virginum,
virgo gloriosa,
ave mundi luminar,
ave mundi rosa,
Blanziflor et Helena,
Venus generosa!
56---
1.
Amor habet superos:
Iovem amat Iuno;
motus premens efferos
imperat Neptuno;
Pluto tenens inferos
mitis est hoc uno.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

2.
Amor trahit teneros
molliori nexu,
rigidos et asperos
duro frangit flexu;
capitur rhinoceros
virginis amplexu.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

3.
Virginis egregie
ignibus calesco
et eius cotidie
in amore cresco;
sol est in meridie,
nec ego tepesco.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

4.
Gratus super omnia
ludus est puelle,
et eius precordia
omni carent felle;
sunt, que prestat, basia
dulciora melle.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

5.
Ludo cum Cecilia;
nichil timeatis!
sum quasi custodia
fragilis etatis,
ne marcescant lilia
sue castitatis.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

6.
Flos est; florem frangere
non est res secura.
uvam sino crescere,
donec sit matura;
spes me facit vivere
letum re ventura.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

7.
Virgo cum virginibus
horreo corruptas,
et cum meretricibus
simul odi nuptas;
nam in istis talibus
turpis est voluptas.

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

8.
Quicquid agant ceteri,
virgo, sic agamus,
ut, quem decet fieri,
ludum faciamus;
ambo sumus teneri;
tenere ludamus!

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

9.
Volo tantum ludere,
id est: contemplari,
presens loqui, tangere,
tandem osculari;
quintum, quod est agere,
noli suspicari!

Refl.
Amoris solamine
virgino cum virgine;
aro non in semine,
pecco sine crimine.

57---
Veris dulcis in tempore
florenti stat sub arbore
Iuliana cum sorore.
Dulcis amor!

Refl.
Qui te caret hoc tempore,
fit vilior.

2.
Ecce florescunt arbores,
lascive canunt volucres;
inde tepescunt virgines.
Dulcis amor!

Refl.
Qui te caret hoc tempore,
fit vilior.

3.
Ecce florescunt lilia,
et virginum dant agmina
summo deorum carmina.
Dulcis amor!

Refl.
Qui te caret hoc tempore,
fit vilior.

4.
Si tenerem, quam cupio,
in nemore sub folio,
oscularer cum gaudio.
Dulcis amor!

Refl.
Qui te caret hoc tempore,
fit vilior.
58---
Sevit aure spiritus
Petrus Blesensis o Pietro di Blois (ca. 1135 - ca. 1204)



Sevit aure spiritus,
et arborum
come fluunt penitus
vi frigorum;
silent cantus nemorum.
nunc torpescit vere solo
fervens amor pecorum;
semper amans sequi nolo
novas vices temporum:
bestiali more.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

Nec de longo conqueror
obsequio:
nobili remuneror
stipendio,
leto letor premio.
dum salutat me loquaci
Flora supercilio,
mente satis non capaci
gaudia concipio,
glorior labore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

Michi sors obsequitur
non aspera:
dum secreta luditur
in camera,
favet Venus prospera.
nudam fovet Floram lectus:
caro candet tenera,
virginale lucet pectus,
parum surgunt ubera
modico tumore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

Hominem transgredior
et superum
sublimari glorior
ad numerum,
sinum tractans tenerum
cursu vago dum beata
manus it et uberum
regionem pervagata
descendit ad uterum
tactu leviore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

A tenello tenera
pectusculo
distenduntur latera
pro modulo;
caro carens scrupulo
levem tactum non offendit.
gracilis sub cingulo
umbilicum preextendit
paululum ventriculo
tumescentiore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

Vota blando stimulat
lenimine
pubes, que vix pullulat
in virgine
tenui lanugine.
crus vestitum moderata
tenerum pinguedine
levigatur occultata
nervorum compagine,
radians candore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

O si forte Iupiter
hanc videat
timeo, ne pariter
incaleat
et ad fraudes redeat:
si vel Danes pluens aurum
imbre dulci mulceat,
vel Europes intret taurum,
vel Ledeo candeat
rursus in olore.

Refrain: Quam dulcia
stipendia
et gaudia
felicia
sunt hec hore
nostre Flore!

59---
Iusta precor: quae me nuper praedata puella est,
aut amet aut faciat, cur ego semper amem!
a, nimium volui—tantum patiatur amari;
audierit nostras tot Cytherea preces!
Accipe, per longos tibi qui deserviat annos; 5
accipe, qui pura norit amare fide!
si me non veterum commendant magna parentum
nomina, si nostri sanguinis auctor eques,
nec meus innumeris renovatur campus aratris,
temperat et sumptus parcus uterque parens— 10
at Phoebus comitesque novem vitisque repertor
hac faciunt, et me qui tibi donat, Amor,
et nulli cessura fides, sine crimine mores
nudaque simplicitas purpureusque pudor.
non mihi mille placent, non sum desultor amoris: 15
tu mihi, siqua fides, cura perennis eris.
tecum, quos dederint annos mihi fila sororum,
vivere contingat teque dolente mori!
te mihi materiem felicem in carmina praebe—
provenient causa carmina digna sua. 20
carmine nomen habent exterrita cornibus Io
et quam fluminea lusit adulter ave,
quaeque super pontum simulato vecta iuvenco
virginea tenuit cornua vara manu.
nos quoque per totum pariter cantabimur orbem, 25
iunctaque semper erunt nomina nostra tuis.
ovid
59---
Non ego mendosos ausim defendere mores
falsaque pro vitiis arma movere meis.
confiteor—siquid prodest delicta fateri;
in mea nunc demens crimina fassus eo.
odi, nec possum, cupiens, non esse quod odi;
heu, quam quae studeas ponere ferre grave est!
Nam desunt vires ad me mihi iusque regendum;
auferor ut rapida concita puppis aqua.
non est certa meos quae forma invitet amores—
centum sunt causae, cur ego semper amem.
sive aliqua est oculos in humum deiecta modestos,
uror, et insidiae sunt pudor ille meae;
sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est,
spemque dat in molli mobilis esse toro.
aspera si visa est rigidasque imitata Sabinas,
velle, sed ex alto dissimulare puto.
sive es docta, places raras dotata per artes;
sive rudis, placita es simplicitate tua.
est, quae Callimachi prae nostris rustica dicat
carmina—cui placeo, protinus ipsa placet.
est etiam, quae me vatem et mea carmina culpet—
culpantis cupiam sustinuisse femur.
molliter incedit—motu capit; altera dura est—
at poterit tacto mollior esse viro.
haec quia dulce canit flectitque facillima vocem,
oscula cantanti rapta dedisse velim;
haec querulas habili percurrit pollice chordas—
tam doctas quis non possit amare manus?
illa placet gestu numerosaque bracchia ducit
et tenerum molli torquet ab arte latus—
ut taceam de me, qui causa tangor ab omni,
illic Hippolytum pone, Priapus erit!
tu, quia tam longa es, veteres heroidas aequas
et potes in toto multa iacere toro.
haec habilis brevitate sua est. corrumpor utraque;
conveniunt voto longa brevisque meo.
non est culta—subit, quid cultae accedere possit;
ornata est—dotes exhibet ipsa suas.
candida me capiet, capiet me flava puella,
est etiam in fusco grata colore Venus.
seu pendent nivea pulli cervice capilli,
Leda fuit nigra conspicienda coma;
seu flavent, placuit croceis Aurora capillis.
omnibus historiis se meus aptat amor.
me nova sollicitat, me tangit serior aetas;
haec melior, specie corporis illa placet.
Denique quas tota quisquam probet urbe puellas,
noster in has omnis ambitiosus amor.
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Dure vir, inposito tenerae custode puellae
nil agis; ingenio est quaeque tuenda suo.
siqua metu dempto casta est, ea denique casta est;
quae, quia non liceat, non facit, illa facit!
ut iam servaris bene corpus, adultera mens est;
nec custodiri, ne velit, ulla potest.
nec corpus servare potes, licet omnia claudas;
omnibus exclusis intus adulter erit.
cui peccare licet, peccat minus; ipsa potestas
semina nequitiae languidiora facit.
desine, crede mihi, vitia inritare vetando;
obsequio vinces aptius illa tuo.
Vidi ego nuper equum contra sua vincla tenacem
ore reluctanti fulminis ire modo;
constitit ut primum concessas sensit habenas
frenaque in effusa laxa iacere iuba!
nitimur in vetitum semper cupimusque negata;
sic interdictis imminet aeger aquis.
centum fronte oculos, centum cervice gerebat
Argus — et hos unus saepe fefellit Amor;
in thalamum Danae ferro saxoque perennem
quae fuerat virgo tradita, mater erat;
Penelope mansit, quamvis custode carebat,
inter tot iuvenes intemerata procos.
Quidquid servatur cupimus magis, ipsaque furem
cura vocat; pauci, quod sinit alter, amant.
nec facie placet illa sua, sed amore mariti;
nescio quid, quod te ceperit, esse putant.
non proba fit, quam vir servat, sed adultera cara;
ipse timor pretium corpore maius habet.
indignere licet, iuvat inconcessa voluptas;
sola placet, 'timeo!' dicere siqua potest.
nec tamen ingenuam ius est servare puellam —
hic metus externae corpora gentis agat!
scilicet ut possit custos 'ego' dicere 'feci,'
in laudem servi casta sit illa tui?
Rusticus est nimium, quem laedit adultera coniunx,
et notos mores non satis urbis habet
in qua Martigenae non sunt sine crimine nati
Romulus Iliades Iliadesque Remus.
quo tibi formosam, si non nisi casta placebat?
non possunt ullis ista coire modis.
Si sapis, indulge dominae vultusque severos
exue, nec rigidi iura tuere viri,
et cole quos dederit — multos dabit — uxor amicos.
gratia sic minimo magna labore venit;
sic poteris iuvenum convivia semper inire
et, quae non dederis, multa videre domi.

ovid

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