was machen wir an ostern? ficken!
lasst uns die auferstehung des geilen fleisches in der gewissheit der
vergebung aller sünden feiern!
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:30
1---
Regardes-moi je suis la, essaie de ne pas m'ignorer,
Tu crois que ton indifférence ne m'atteint pas..
Parles-moi, écoutes-moi, ne garde pas ce silence..
Tu me blesses, tu me manipules,tu me détruis...
Tu crois que je ne vois pas clair en toi...
Tu es si égoiste, tu ne penses qu'à toi...
Essaie d'avoir des pensées positives, tu y gagneras..
Tu as choisi le mauvais chemin , celui-la est si ardu..
Mais regardes-moi,essaie de ne pas m'ignorer..
Tu me fais mal...Essaie d'être patiente..tu souriras...
A tes yeux je n'ai guère de valeur, fais un effort...
Tu n'appercois que les stupidités de la vie..
Tu ne veux pas connaître ce que je suis ..
Mais regardes-moi, essaie de ne pas m'ignorer..
Je te parle avec mon coeur,mais tu ne l'écoutes pas...
Laisse ton coeur se laisser envahir par la beauté de la vie..
Je t'accepte telle que tu es alors pourquoi , toi tu ne m'acceptes pas,
comme je suis...essaie de grandir..partage avec moi...
Mais regardes-moi,essaie de ne pas m'ignorer...
Tu prends toute mon espace et ma liberté...
Mais tu continue de m'ignorer..de me blesser..
Acceuille-moi avec sérénité et avec amour...
Essaie de grandir..d'aimer et de comprendre..
Partage avec moi ne m'ignore pas...
Alors regardes-moi tu y verras de la chaleur..
De la tendresse..de l'amour et du pardon...
La route est longue lorsque l'on ferme ainsi son coeur...
Regardes-moi...et...ne m'ignore plus...
2---
Compagne savoureuse et bonne
À qui j'ai confié le soin
Définitif de ma personne,
Toi mon dernier, mon seul témoin,
Viens çà, chère, que je te baise,
Que je t'embrasse long et fort,
Mon coeur près de ton coeur bat d'aise
Et d'amour pour jusqu'à la mort :
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Je vais gueux comme un rat d'église
Et toi tu n'as que tes dix doigts ;
La table n'est pas souvent mise
Dans nos sous-sols et sous nos toits ;
Mais jamais notre lit ne chôme,
Toujours joyeux, toujours fêté
Et j'y suis le roi du royaume
De ta gaîté, de ta santé !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Après nos nuits d'amour robuste
Je sors de tes bras mieux trempé,
Ta riche caresse est la juste,
Sans rien de ma chair de trompé,
Ton amour répand la vaillance
Dans tout mon être, comme un vin,
Et, seule, tu sais la science
De me gonfler un coeur divin.
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Qu'importe ton passé, ma belle,
Et qu'importe, parbleu ! le mien :
Je t'aime d'un amour fidèle
Et tu ne m'as fait que du bien.
Unissons dans nos deux misères
Le pardon qu'on nous refusait
Et je t'étreins et tu me serres
Et zut au monde qui jasait !
Aime-moi,
Car, sans toi,
Rien ne puis,
Rien ne suis.
Paul Verlaine
3---
Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.
Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.
Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.
Paul Verlaine
4---
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues
Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne
Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.
Ecrit en 1950 par Paul Eluard
5---
A quoi penses-tu ?
Je pense au premier baiser que je te donnerai.
II
Baisers semblables aux paroles du rêveur
Vous êtes au service des forces inventées.
III
Aux rues de petites amours
Les murs finissent en nuit noire
J'aime
Et mes rideaux sont blancs.
IV
Sans éclat et douce à son nid
Elle apparaît dans un sourire.
V
Le 21 du mois de juin 1906
A midi
Tu m'as donné la vie.
VI
J'ai dit facile et ce qui est facile
C'est la fidélité.
VII
Il faut la voir au dur soleil grevé de roches inaccessibles
Il faut la voir en pleine nuit
Il faut la voir quand elle est seule.
Paul Eluard
6---
Nous avons fait la nuit
Nous avons fait la nuit je tiens ta main je veille
Je te soutiens de toutes mes forces
Je grave sur un roc l'étoile de tes forces
Sillons profonds où la bonté de ton corps germera
Je me répète ta voix cachée ta voix publique
Je ris encore de l'orgueilleuse
que tu traites comme une mendiante
Des fous que tu respectes des simples où tu te baignes
Et dans ma tête qui se met doucement d'accord avec la tienne avec la nuit
Je m'émerveille de l'inconnue semblable à toi semblable à tout ce que j'aime
Qui est toujours nouveau.
Ecrit en 1936 par Paul Eluard
7---
Parfum exotique
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'œil par sa franchise étonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
Baudelaire
8---
Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irais loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.
Ecrit en 1870 par Rimbaud
9---
Si tu le veux bien, divine Ignorante
Si tu le veux bien, divine Ignorante,
Je ferai celui qui ne sait plus rien
Que te caresser d'une main errante,
En le geste expert du pire vaurien,
Si tu le veux bien, divine Ignorante.
Soyons scandaleux sans plus nous gêner
Qu'un cerf et sa biche ès bois authentiques.
La honte, envoyons-la se promener.
Même exagérons et, sinon cyniques,
Soyons scandaleux sans plus nous gêner.
Surtout ne parlons pas littérature.
Au diable lecteurs, auteurs, éditeurs
Surtout ! Livrons-nous à notre nature
Dans l'oubli charmant de toutes pudeurs,
Et, ô ! ne parlons pas littérature.
Jouir et dormir ce sera, veux-tu ?
Notre fonction première et dernière,
Notre seule et notre double vertu,
Conscience unique, unique lumière,
Jouir et dormir, m'amante, veux-tu ?
Verlaine
10---
Soleil et Chair
I
Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie,
Verse l'amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la vallée, on sent
Que la terre est nubile et déborde de sang ;
Que son immense sein, soulevé par une âme,
Est d'amour comme Dieu, de chair comme la femme,
Et qu'il renferme, gros de sève et de rayons,
Le grand fourmillement de tous les embryons !
Et tout croît, et tout monte !
- O Vénus, ô Déesse !
Je regrette les temps de l'antique jeunesse,
Des satyres lascifs, des faunes animaux,
Dieux qui mordaient d'amour l'écorce des rameaux
Et dans les nénuphars baisaient la Nymphe blonde !
Je regrette les temps où la sève du monde,
L'eau du fleuve, le sang rose des arbres verts
Dans les veines de Pan mettaient un univers !
Où le sol palpitait, vert, sous ses pieds de chèvre ;
Où, baisant mollement le clair syrinx, sa lèvre
Modulait sous le ciel le grand hymne d'amour ;
Où, debout sur la plaine, il entendait autour
Répondre à son appel la Nature vivante ;
Où les arbres muets, berçant l'oiseau qui chante,
La terre berçant l'homme, et tout l'Océan bleu
Et tous les animaux aimaient, aimaient en Dieu !
Je regrette les temps de la grande Cybèle
Qu'on disait parcourir, gigantesquement belle,
Sur un grand char d'airain, les splendides cités ;
Son double sein versait dans les immensités
Le pur ruissellement de la vie infinie.
L'Homme suçait, heureux, sa mamelle bénie,
Comme un petit enfant, jouant sur ses genoux.
- Parce qu'il était fort, l'Homme était chaste et doux.
Misère ! Maintenant il dit : Je sais les choses,
Et va, les yeux fermés et les oreille closes.
- Et pourtant, plus de dieux ! plus de dieux ! l'Homme est Roi,
L'Homme est Dieu ! Mais l'Amour, voilà la grande Foi !
Oh ! si l'homme puisait encore à ta mamelle,
Grande mère des dieux et des hommes, Cybèle ;
S'il n'avait pas laissé l'immortelle Astarté
Qui jadis, émergeant dans l'immense clarté
Des flots bleus, fleur de chair que la vague parfume,
Montra son nombril rose où vint neiger l'écume,
Et fit chanter, Déesse aux grands yeux noirs vainqueurs,
Le rossignol aux bois et l'amour dans les coeurs !
II
Je crois en toi ! Je crois en toi ! Divine mère,
Aphrodite marine ! - Oh ! la route est amère
Depuis que l'autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en toi que je crois !
- Oui, l'Homme est triste et laid, triste sous le ciel vaste.
Il a des vêtements, parce qu'il n'est plus chaste,
Parce qu'il a sali son fier buste de dieu,
Et qu'il a rabougri, comme une idole au feu,
Son corps Olympien aux servitudes sales !
Oui, même après la mort, dans les squelettes pâles
Il veut vivre, insultant la première beauté !
- Et l'Idole où tu mis tant de virginité,
Où tu divinisas notre argile, la Femme,
Afin que l'Homme pût éclairer sa pauvre âme
Et monter lentement, dans un immense amour,
De la prison terrestre à la beauté du jour,
La Femme ne sait plus même être Courtisane !
- C'est une bonne farce ! et le monde ricane
Au nom doux et sacré de la grande Vénus !
III
Si les temps revenaient, les temps qui sont venus !
- Car l'Homme a fini ! l'Homme a joué tous les rôles !
Au grand jour, fatigué de briser des idoles
Il ressuscitera, libre de tous ses Dieux,
Et, comme il est du ciel, il scrutera les cieux !
L'idéal, la pensée invincible, éternelle,
Tout ; le dieu qui vit, sous son argile charnelle,
Montera, montera, brûlera sous son front !
Et quand tu le verras sonder tout l'horizon,
Contempteur des vieux jougs, libre de toute crainte,
Tu viendras lui donner la Rédemption sainte !
- Splendide, radieuse, au sein des grandes mers
Tu surgiras, jetant sur le vaste Univers
L'Amour infini dans un infini sourire !
Le Monde vibrera comme une immense lyre
Dans le frémissement d'un immense baiser !
- Le Monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser.
O ! L'Homme a relevé sa tête libre et fière !
Et le rayon soudain de la beauté première
Fait palpiter le dieu dans l'autel de la chair !
Heureux du bien présent, pâle du mal souffert,
L'Homme veut tout sonder, - et savoir ! La Pensée,
La cavale longtemps, si longtemps oppressée
S'élance de son front ! Elle saura Pourquoi !...
Qu'elle bondisse libre, et l'Homme aura la Foi !
- Pourquoi l'azur muet et l'espace insondable ?
Pourquoi les astres d'or fourmillant comme un sable ?
Si l'on montait toujours, que verrait-on là-haut ?
Un Pasteur mène-t-il cet immense troupeau
De mondes cheminant dans l'horreur de l'espace ?
Et tous ces mondes-là, que l'éther vaste embrasse,
Vibrent-ils aux accents d'une éternelle voix ?
- Et l'Homme, peut-il voir ? peut-il dire : Je crois ?
La voix de la pensée est-elle plus qu'un rêve ?
Si l'homme naît si tôt, si la vie est si brève,
D'où vient-il ? Sombre-t-il dans l'Océan profond
Des Germes, des Foetus, des Embryons, au fond
De l'immense Creuset d'où la Mère-Nature
Le ressuscitera, vivante créature,
Pour aimer dans la rose, et croître dans les blés ?...
Nous ne pouvons savoir ! - Nous sommes accablés
D'un manteau d'ignorance et d'étroites chimères !
Singes d'hommes tombés de la vulve des mères,
Notre pâle raison nous cache l'infini !
Nous voulons regarder : - le Doute nous punit !
Le doute, morne oiseau, nous frappe de son aile...
- Et l'horizon s'enfuit d'une fuite éternelle !...
Le grand ciel est ouvert ! les mystères sont morts
Devant l'Homme, debout, qui croise ses bras forts
Dans l'immense splendeur de la riche nature !
Il chante... et le bois chante, et le fleuve murmure
Un chant plein de bonheur qui monte vers le jour !...
- C'est la Rédemption ! c'est l'amour ! c'est l'amour !...
IV
O splendeur de la chair ! ô splendeur idéale !
O renouveau d'amour, aurore triomphale
Où, courbant à leurs pieds les Dieux et les Héros,
Kallipyge la blanche et le petit Éros
Effleureront, couverts de la neige des roses,
Les femmes et les fleurs sous leurs beaux pieds écloses !
- O grande Ariadné, qui jette tes sanglots
Sur la rive, en voyant fuir là-bas sur les flots,
Blanche sous le soleil, la voile de Thésée,
O douce vierge enfant qu'une nuit a brisée,
Tais-toi ! Sur son char d'or brodé de noirs raisins,
Lysios, promené dans les champs Phrygiens
Par les tigres lascifs et les panthères rousses,
Le long des fleuves bleus rougit les sombres mousses.
- Zeus, Taureau, sur son cou berce comme une enfant
Le corps nu d'Europé, qui jette son bras blanc
Au cou nerveux du Dieu frissonnant dans la vague.
Il tourne lentement vers elle son oeil vague ;
Elle, laisse traîner sa pâle joue en fleur
Au front de Zeus ; ses yeux sont fermés ; elle meurt
Dans un divin baiser, et le flot qui murmure
De son écume d'or fleurit sa chevelure.
- Entre le laurier-rose et le lotus jaseur
Glisse amoureusement le grand Cygne rêveur
Embrassant la Léda des blancheurs de son aile ;
- Et tandis que Cypris passe, étrangement belle,
Et, cambrant les rondeurs splendides de ses reins,
Étale fièrement l'or de ses larges seins
Et son ventre neigeux brodé de mousse noire,
- Héraclès, le Dompteur, qui, comme d'une gloire
Fort, ceint son vaste corps de la peau du lion,
S'avance, front terrible et doux, à l'horizon !
Par la lune d'été vaguement éclairée,
Debout, nue, et rêvant dans sa pâleur dorée
Que tache le flot lourd de ses longs cheveux bleus,
Dans la clairière sombre, où la mousse s'étoile,
La Dryade regarde au ciel silencieux...
- La blanche Séléné laisse flotter son voile,
Craintive, sur les pieds du bel Endymion,
Et lui jette un baiser dans un pâle rayon...
- La Source pleure au loin dans une longue extase...
C'est la nymphe qui rêve, un coude sur son vase,
Au beau jeune homme blanc que son onde a pressé.
- Une brise d'amour dans la nuit a passé,
Et, dans les bois sacrés, dans l'horreur des grands arbres,
Majestueusement debout, les sombres Marbres,
Les Dieux, au front desquels le Bouvreuil fait son nid,
- Les Dieux écoutent l'homme et le Monde infini !
Ecrit en 1870 par Rimbaud
11---
La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?
Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!
Baudelaire
12---
Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme,
O Beauté? ton regard, infernal et divin,
Verse confusément le bienfait et le crime,
Et l'on peut pour cela te comparer au vin.
Tu contiens dans ton oeil le couchant et l'aurore;
Tu répands des parfums comme un soir orageux;
Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore
Qui font le héros lâche et l'enfant courageux.
Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?
Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien;
Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,
Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.
Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques;
De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant,
Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,
Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.
L'éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,
Crépite, flambe et dit: Bénissons ce flambeau!
L'amoureux pantelant incliné sur sa belle
A l'air d'un moribond caressant son tombeau.
Que tu viennes du ciel ou de l'enfer, qu'importe,
O Beauté! monstre énorme, effrayant, ingénu!
Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte
D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?
De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,
Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,
Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine! -
L'univers moins hideux et les instants moins lourds?
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:22
13---
Quand je te vois passer, ô ma chère indolente,
Au chant des instruments qui se brise au plafond
Suspendant ton allure harmonieuse et lente,
Et promenant l'ennui de ton regard profond;
Quand je contemple, aux feux du gaz qui le colore,
Ton front pâle, embelli par un morbide attrait,
Où les torches du soir allument une aurore,
Et tes yeux attirants comme ceux d'un portrait,
Je me dis: Qu'elle est belle! et bizarrement fraîche!
Le souvenir massif, royale et lourde tour,
La couronne, et son coeur, meurtri comme une pêche,
Est mûr, comme son corps, pour le savant amour.
Es-tu le fruit d'automne aux saveurs souveraines?
Es-tu vase funèbre attendant quelques pleurs,
Parfum qui fait rêver aux oasis lointaines,
Oreiller caressant, ou corbeille de fleurs?
Je sais qu'il est des yeux, des plus mélancoliques,
Qui ne recèlent point de secrets précieux;
Beaux écrins sans joyaux, médaillons sans reliques,
Plus vides, plus profonds que vous-mêmes, ô Cieux!
Mais ne suffit-il pas que tu sois l'apparence,
Pour réjouir un coeur qui fuit la vérité?
Qu'importe ta bêtise ou ton indifférence?
Masque ou décor, salut! J'adore ta beauté.
baudelaire
14---
Quand, les deux yeux fermés, en un soir chaud d'automne,
Je respire l'odeur de ton sein chaleureux,
Je vois se dérouler des rivages heureux
Qu'éblouissent les feux d'un soleil monotone;
Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l'oeil par sa franchise étonne.
Guidé par ton odeur vers de charmants climats,
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine,
Pendant que le parfum des verts tamariniers,
Qui circule dans l'air et m'enfle la narine,
Se mêle dans mon âme au chant des mariniers.
Baudelaire
15---
Une beauté de quinze ans enfantine,
Un or frisé de maint crêpe anelet,
Un front de rose, un teint damoiselet,
Un ris qui l'âme aux Astres achemine ;
Une vertu de telles beautés digne,
Un col de neige, une gorge de lait,
Un coeur jà mûr en un sein verdelet,
En Dame humaine une beauté divine ;
Un oeil puissant de faire jours les nuits,
Une main douce à forcer les ennuis,
Qui tient ma vie en ses doigts enfermée
Avec un chant découpé doucement
Ore d'un ris, or' d'un gémissement,
De tels sorciers ma raison fut charmée.
Pierre de Ronsard
16---
Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits
Pour un cœur qui s'ennuie
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce coeur qui s'écœure.
Quoi! nulle trahison ?...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine.
paul verlaine
16---
Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses
De cette façon nous serons bien heureuses
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n'est-ce pas? deux pleureuses.
Ô que nous mêlions, âmes sœurs que nous sommes,
À nos voeux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile !
Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout étonnées
Qui s'en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu'elles sont pardonnées.
Paul Verlaine
17---
La dure épreuve va finir:
Mon cour, souris à l'avenir.
Ils sont passés les jours d'alarmes
Où j'étais triste jusqu'aux larmes.
Ne suppute plus les instants,
Mon âme, encore un peu de temps.
J'ai tu les paroles amères
Et banni les sombres chimères.
Mes yeux exilés de la voir
De par un douloureux devoir,
Moi, oreille avide d'entendre
Les notes d'or de sa voix tendre,
Tout mon être et tout mon amour
Acclament le bienheureux jour
Où, seul rêve et seule pensée,
Me reviendra la fiancée !
Paul Verlaine
18---
J'ai presque peur, en vérité,
Tant je sens ma vie enlacée
À la radieuse pensée
Qui m'a pris l'âme l'autre été,
Tant votre image, à jamais chère,
Habite en ce cour tout à vous,
Mon cour uniquement jaloux
De vous aimer et de vous plaire ;
Et je tremble, pardonnez-moi
D'aussi franchement vous le dire,
À penser qu'un mot, un sourire
De vous est désormais ma loi,
Et qu'il vous suffirait d'un geste,
D'une parole ou d'un clin d'oil,
Pour mettre tout mon être en deuil
De son illusion céleste.
Mais plutôt je ne veux vous voir,
L'avenir dût-il m'être sombre
Et fécond en peines sans nombre,
Qu'à travers un immense espoir,
Plongé dans ce bonheur suprême
De me dire encore et toujours,
En dépit des mornes retours,
Que je vous aime, que je t'aime !
Paul Verlaine
19---
C'est l'extase langoureuse.
C'est la fatigue amoureuse,
C'est tous les frissons des bois
Parmi l'étreinte des brises.
C'est, vers les ramures grises.
Le chœur des petites voix.
Ô le frêle et frais murmure
Cela gazouille et susurre,
Cela ressemble au cri doux
Que l'herbe agitée expire..
Tu dirais, sous l'eau qui vire,
Le roulis sourd des cailloux.
Cette âme qui se lamente
En cette plainte dormante
C'est la nôtre, n'est-ce pas ?
La mienne, dis, et la tienne,
Dont s'exhale l'humble antienne
Par ce tiède soir, tout bas ?
Paul Verlaine
20---
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers,
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête,
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
Paul Verlaine
21---
Cuerpo de mujer, blancas colinas, muslos blancos,
te pareces al mundo en tu actitud de entrega.
Mi cuerpo de labriego salvaje te socava
y hace saltar el hijo del fondo de la tierra.
Fui solo como un túnel. De mí huían los pájaros
y en mí la noche entraba su invasión poderosa.
Para sobrevivirme te forjé como un arma,
como una flecha en mi arco, como una piedra en mi honda.
Pero cae la hora de la venganza, y te amo.
Cuerpo de piel, de musgo, de leche ávida y firme.
Ah los vasos del pecho! Ah los ojos de ausencia!
Ah las rosas del pubis! Ah tu voz lenta y triste!
Cuerpo de mujer mía, persistiré en tu gracia.
Mi sed, mi ansia sin límite, mi camino indeciso!
Oscuros cauces donde la sed eterna sigue,
y la fatiga sigue, y el dolor infinito.
Pablo Neruda
22---
Bertolt Brecht
Liebesunterricht
Aber, Mädchen, ich empfehle
Etwas Lockerung im Gekreisch:
Fleischlich lieb ich mir die Seele
Und beseelt lieb ich das Fleisch.
Keuschheit kann nicht Wollust mindern
Hungrig wär ich gerne satt.
Mag¿s, wenn Tugend einen Hintern
Und ein Hintern Tugend hat.
Seit der Gott den Schwan geritten
Wurd es manchem Mädchen bang
Hat sie es auch gern gelitten:
Er bestand auf Schwanensang.
23---
Der Geliebten
Wieder fällt ein Blatt von meinem Baum,
Wieder welkt von meinen Blumen eine,
Wunderlich in ungewissem Scheine
Grüßt mich meines Lebens wirrer Traum.
Dunkel blickt die Leere rings mich an,
Aber in der Wölbung Mitte lacht
Ein Gestirn voll Trost durch alle Nacht,
Nah und näher zieht es seine Bahn.
Guter Stern, der meine Nacht versüßt,
Den mein Schicksal nah und näher zieht,
Fühlst du, wie mein Herz mit stummem Lied
Dir entgegenharrt und dich begrüßt?
Sieh, noch ist voll Einsamkeit mein Blick,
Langsam nur darf ich zu dir erwachen,
Darf ich wieder weinen, wieder lachen
Und vertrauen dir und dem Geschick.
Hermann Hesse
25---
Der Liebende
Nun liegt dein Freund wach in der milden Nacht,
Noch warm von dir, noch voll von deinem Duft,
Von deinem Blick und Haar und Kuß - o Mitternacht,
O Mond und Stern und blaue Nebelluft!
In dich, Geliebte, steigt mein Traum
Tief wie in Meer, Gebirg und Kluft hinein,
Verspritzt in Brandung und verweht zu Schaum,
Ist Sonne, Wurzel, Tier,
Nur um bei dir,
Um nah bei dir zu sein.
Saturn kreist fern und Mond, ich seh sie nicht,
Seh nur in Blumenblässe dein Gesicht,
Und lache still und weine trunken,
Nicht Glück, nicht Leid ist mehr,
Nur du, nur ich und du, versunken
Ins tiefe All, ins tiefe Meer,
Darein sind wir verloren,
Drin sterben wir und werden neugeboren.
Hermann Hesse
25---
Die Geheimnisvolle
So viele Frauen, wenn sie lieben, geben
Uns in der Wollust ihr Geheimnis preis,
Wir pflücken es, und kennen sie fürs Leben,
Denn ob die Liebe auch zu täuschen weiß,
Ob auch die Wollust noch vermag zu trügen.
Wo beide Eins sind, können sie nicht lügen.
Du hast mit mir das Sakrament gefeiert,
Und Wollust schien bei dir mit Liebe Eins,
Und dennoch hast du dich mir nicht entschleiert,
Du hast das bange Rätsel deines Seins
Mir nie gelöst und anvertraut im Lieben,
Bist immer ein Geheimnis mir geblieben.
Dann bist du, plötzlich meiner müd, gegangen,
Und tatest mir zum letzten Male weh.
Ein Stück von mir blieb noch bei dir gefangen,
Und wenn ich fern dich Schlanke gehen seh,
Kann ich die fremde schöne Frau begehren,
Als ob wir nie ein Paar gewesen wären.
Hermann Hesse
26---
Einem Mädchen
Von allen den Blumen
Bist du mir die liebste,
Süß ist und kindlich der Hauch deines Mundes,
Voll von Unschuld und doch voll Lust lacht dein Blick,
Dich nehm ich, Blume, in meine Träume mit,
Dort zwischen den bunten,
Singenden Zaubergewächsen
Ist deine Heimat, dort welkst du nie,
Ewig blüht dort, im Liebesgedicht meiner Seele,
Deine Jugend fort mit dem innigen Duft.
Viele Frauen hab ich gekannt,
Viele mit Schmerzen geliebt,
Vielen wehe getan -
Nun im Abschiednehmen grüß ich in dir
Noch einmal alle Zauber der Anmut,
Alle holden Reize der Jugend.
Und im Träumegarten
Meiner heimlichsten Dichtung
Stell ich dich, die mir so viel geschenkt,
Lächelnd und dankbar zu den Unsterblichen.
hermann hesse
27---
Elisabeth
I
Dir liegt auf Stirne, Mund und Hand
Der feine, zärtlich helle Lenz,
Der holde Zauber, den ich fand
Auf alten Bildern zu Florenz.
Du lebtest schon einmal vorzeit,
Du wunderschöne Maigestalt,
Als Flora im beblümten Kleid
Hat Botticelli dich gemalt.
Auch bist du jene, deren Gruß
Den jungen Dante übermannt,
Und unbewußt ist deinem Fuß
Der Weg durchs Paradies bekannt.
II
Ich soll erzählen,
Die Nacht ist schon spät -
Willst du mich quälen,
Schöne Elisabeth?
Daran ich dichte
Und du dazu,
Meine Liebesgeschichte
Ist dieser Abend und du.
Du mußt nicht stören,
Die Reime verwehn.
Bald wirst du sie hören,
Hören und nicht verstehn.
III
Wie eine weiße Wolke
Am hohen Himmel steht,
So weiß und schön und ferne
Bist du, Elisabeth.
Die Wolke geht und wandert,
Kaum hast du ihrer acht,
Und doch durch deine Träume
Geht sie in dunkler Nacht.
Geht und erglänzt so silbern,
Daß fortan ohne Rast
Du nach der weißen Wolke
Ein süßes Heimweh hast. [Mai/Juni 1900]
IV
Dir liegt auf Stirne, Mund und Hand
Der feine, zärtlich helle Lenz,
Der holde Zauber, den ich fand
Auf alten Bildern zu Florenz.
Darf ich dir sagen, daß du mir
Wie eine schöne Schwester scheinst
Und leises Glück mit Lustbegier
In meiner Seele seltsam einst?
Und daß wir beide Gäste sind
Von ferneher, und daß wir beiden,
Sobald die dunkle Nacht beginnt,
Dasselbe bange Heimweh leiden?
Hermann Hesse
28---
Hingabe
Dunkle du, Urmutter aller Lust,
Die ich floh, die ich so oft verflucht,
Die mich dennoch immer hat gesucht,
Endlich werf ich mich an deine Brust!
Nimm mich hin, furchtbare Mutter Nacht,
Todeswollust ist's, dich zu umarmen,
Heimlich aus dem heißen Abgrund lacht
Ahnung von Erlösung, von Erbarmen.
Tief in deinen schwarzen Augen brennt
Deiner düstern Liebe Glut so wehe,
Deiner Liebe, die mich ganz erkennt,
Deren Todesruf ich ganz verstehe.
Willig folg ich dir durch Blut und Angst,
Fühle, wie du mich zurückverlangst,
Um noch einmal mich dein Kind zu nennen,
Um in einem Kuß mich zu verbrennen.
Hermann Hesse
29---
Ich log
Ich log! Ich log! Ich bin nicht alt,
Ich bin nicht satt vom Leben,
Mir macht jede schöne Frauengestalt
Noch Puls und Gedanken erbeben.
Mir träumt noch von Weibern heiß und nackt,
Von guten und von schlechten,
Von wilder Walzer brillantem Takt
Und von verliebten Nächten.
Mir träumt von einer Liebe sogar,
Einer schweigsam schönen und reinen,
Wie jene erste, heilige war,
Und ich kann noch um sie weinen.
Hermann Hesse
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:21
62---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Dieser Liebe toller Fasching
Dieser Liebe toller Fasching,
Dieser Taumel unsrer Herzen,
Geht zu Ende, und ernüchtert
Gähnen wir einander an!
Ausgetrunken ist der Kelch,
Der mit Sinnenrausch gefüllt war,
Schäumend, lodernd, bis am Rande;
Ausgetrunken ist der Kelch.
Es verstummen auch die Geigen,
Die zum Tanze mächtig spielten,
Zu dem Tanz der Leidenschaft;
Auch die Geigen, sie verstummen.
Es erlöschen auch die Lampen,
Die das wilde Licht ergossen
Auf den bunten Mummenschanz;
Auch die Lampen, sie erlöschen.
Morgen kommt der Aschenmittwoch,
Und ich zeichne deine Stirne
Mit dem Aschenkreuz und spreche:
Weib, bedenke, daß du Staub bist.
63---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Das macht den Menschen glücklich
Das macht den Menschen glücklich,
Das macht den Menschen matt,
Wenn er drei sehr schöne Geliebte
Und nur zwei Beine hat.
Der einen lauf ich des Morgens,
Der andern des Abends nach;
Die dritte kommt zu mir des Mittags
Wohl unter mein eignes Dach.
Lebt wohl, ihr drei Geliebten,
Ich hab zwei Beine nur,
Ich will in ländlicher Stille
Genießen die schöne Natur.
63---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Badende Elfe
Dämmernd liegt der Sommerabend
Über Wald und grünen Wiesen;
Goldner Mond im blauen Himmel
Strahlt herunter, duftig labend.
An dem Bache zirpt die Grille,
Und es regt sich in dem Wasser,
Und der Wandrer hört ein Plätschern
Und ein Atmen in der Stille.
Dorten, an dem Bach alleine,
Badet sich die schöne Elfe;
Arm und Nacken, weiß und lieblich,
Schimmern in dem Mondenscheine.
64---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Hast du die Lippen mir wund geküßt
Hast du die Lippen mir wund geküßt,
So küsse sie wieder heil,
Und wenn du bis Abend nicht fertig bist,
So hat es auch keine Eil.
Du hast ja noch die ganze Nacht,
Du Herzallerliebste mein!
Man kann in solch einer ganzen Nacht
Viel küssen und selig sein.
65---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Die Liebe
Die Liebe begann im Monat März,
Wo mir erkrankte Sinn und Herz.
Doch als der Mai, der grüne, kam:
Ein Ende all mein Trauern nahm.
Es war am Nachmittag um Drei
Wohl auf der Moosbank der Einsiedelei,
Die hinter der Linde liegt versteckt,
Da hab ich ihr mein Herz entdeckt.
Die Blumen dufteten. Im Baum
Die Nachtigall sang, doch hörten wir kaum
Ein einziges Wort von ihrem Gesinge,
Wir hatten zu reden viel wichtige Dinge.
Wir schwuren uns Treue bis in den Tod.
Die Stunden schwanden, das Abendrot
Erlosch. Doch saßen wir lange Zeit
Und weinten in der Dunkelheit
66---
Heine, Heinrich (1797-1856)
Ich wandle unter Blumen
Und blühe selber mit,
Ich wandle wie im Traume
Und schwanke bei jedem Schritt.
O halt mich fest, Geliebte!
Vor Liebestrunkenheit
Fall' ich dir sonst zu Füßen
Und der Garten ist voller Leut!
67---
Was es ist
Es ist Unsinn
sagt die Vernunft
Es ist was es ist
sagt die Liebe
Es ist Unglück
sagt die Berechnung
Es ist nichts als Schmerz
sagt die Angst
Es ist aussichtslos
sagt die Einsicht
Es ist was es ist
sagt die Liebe
Es ist lächerlich
sagt der Stolz
Es ist leichtsinnig
sagt die Vorsicht
Es ist unmöglich
sagt die Erfahrung
Es ist was es ist
sagt die Liebe
erich fried
68---
Dich
Dich
dich sein lassen
ganz dich
Sehen
daß du nur du bist
wenn du alles bist
was du bist
das Zarte
und das Wilde
das was sich losreißen
und das was sich anschmiegen will
Wer nur die Hälfte liebt
der liebt dich nicht halb
sondern gar nicht
der will dich zurechtschneiden
amputieren
verstümmeln
Dich dich sein lassen
ob das schwer oder leicht ist?
Es kommt nicht darauf an mit wieviel
sondern mit wieviel Liebe und mit wieviel
offener Sehnsucht nach allem -
nach allem
was du ist
Nach der Wärme
und nach der Kälte
nach der Güte
und nach dem Starrsinn
und deinem Willen
und Unwillen
nach jeder deiner Gebärden
nach deiner Ungebärdigkeit
Unstetigkeit
Stetigkeit
Dann
ist dieses
dich dich sein lassen
vielleicht gar nicht so schwer.
erich fried
69---
Du
Wo keine Freiheit ist
bist du die Freiheit
Wo keine Würde ist
bist du die Würde
Wo keine Wärme ist
keine Nähe von Mensch zu Mensch
bist du die Nähe und Wärme
Herz der herzlosen Welt
Deine Lippen und deine Zunge
sind Fragen und Antwort
In deinen Armen und deinem Schoß
ist etwas wie Ruhe
Jedes Fortgehenmüssen von dir
geht zu auf das Wiederkommen
Du bist ein Anfang der Zukunft
Herz der herzlosen Welt
Du bist kein Glaubensartikel
und keine Philosophie
keine Vorschrift und kein Besitz
an den man sich klammert
Du bist ein lebender Mensch
du bist eine Frau
und kannst irren und zweifeln und gutsein
Herz der herzlosen Welt
Erich Fried
70---
Gedankenfreiheit
Wenn ich an deinen Mund denke
wie du mir etwas erzählst
dann denke ich
an deine Worte
und an deine Gedanken
und an des Ausdruck
deiner Augen
beim Sprechen
Aber wenn ich an deinen Mund denke
wie er an meinem Mund liegt
dann denke ich
an deinen Mund
und an deinen Mund
und an deinen Mund
und an deinen Schoß
und an deine Augen
Erich Fried
71---
Liebesgedicht
Verschließe meinen Mund mit deinem Schoß
Die kurze Zeit laß mich ein Teil von dir sein
und dich von mir. Als könnte wirklich
ein Teil sein Ganzes je so überraschen
mit Glück, mit Lust. Da bebt und schmilzt die Welt
auf unseren vier Lippen. Da und da
ist jedes Wort nur noch Umschreibung, ärmer
als das was ist und sich bewegt und lebt
Und doch bleibt dieses oder jenes Wort
vielleicht ein Abglanz, eine Spur, an der
noch zu erkennen wäre, wie wir beide
als wir noch beide hier waren, einander
gut kannten. Spur nur, blaß und viel zu trocken
und ohne dein Vibrieren, deinen Duft
und ganz vorbei
doch noch nicht ganz vergesse
Erich Fried
72---
Erwartung
Deine ferne Stimme
ganz nahe am Telefon -
und ich werde sie bald aus der Nähe
entfernter hören
weil sie dann von deinem Mund
bis zu meinen Ohren
den langen Weg nehmen muß
hindurch zwischen deinen Brüsten
über den Nabel hin
und den kleinen Hügel
deinen ganzen Körper entlang
an dem zu hinabsiehst
bis hinunter zu meinem Kopf
dessen Gesicht
vergraben ist zwischen deine gehobenen Schenkel
in deine Haare
und in deinen Schoß
Was es ist
Es ist Unsinn
sagt die Vernunft
Es ist was es ist
sagt die Liebe
Es ist Unglück
sagt die Berechnung
Es ist nichts als Schmerz
sagt die Angst
Es ist aussichtslos
sagt die Einsicht
Es ist was es ist
sagt die Liebe
Es ist lächerlich
sagt der Stolz
Es ist leichtsinnig
sagt die Vorsicht
Es ist unmöglich
sagt die Erfahrung
Es ist was es ist
sagt die Liebe
Dich
Dich
dich sein lassen
ganz dich
Sehen
daß du nur du bist
wenn du alles bist
was du bist
das Zarte
und das Wilde
das was sich losreißen
und das was sich anschmiegen will
Wer nur die Hälfte liebt
der liebt dich nicht halb
sondern gar nicht
der will dich zurechtschneiden
amputieren
verstümmeln
Dich dich sein lassen
ob das schwer oder leicht ist?
Es kommt nicht darauf an mit wieviel
sondern mit wieviel Liebe und mit wieviel
offener Sehnsucht nach allem -
nach allem
was du ist
Nach der Wärme
und nach der Kälte
nach der Güte
und nach dem Starrsinn
und deinem Willen
und Unwillen
nach jeder deiner Gebärden
nach deiner Ungebärdigkeit
Unstetigkeit
Stetigkeit
Dann
ist dieses
dich dich sein lassen
vielleicht gar nicht so schwer.
Du
Wo keine Freiheit ist
bist du die Freiheit
Wo keine Würde ist
bist du die Würde
Wo keine Wärme ist
keine Nähe von Mensch zu Mensch
bist du die Nähe und Wärme
Herz der herzlosen Welt
Deine Lippen und deine Zunge
sind Fragen und Antwort
In deinen Armen und deinem Schoß
ist etwas wie Ruhe
Jedes Fortgehenmüssen von dir
geht zu auf das Wiederkommen
Du bist ein Anfang der Zukunft
Herz der herzlosen Welt
Du bist kein Glaubensartikel
und keine Philosophie
keine Vorschrift und kein Besitz
an den man sich klammert
Du bist ein lebender Mensch
du bist eine Frau
und kannst irren und zweifeln und gutsein
Herz der herzlosen Welt
Zwischenspiel
Und wenn mein Zeigefinger
schon naß ist von dir
mir noch Zeit nehmen
und mit meiner Kuppe
auf deinen Bauch
ein Herz malen
so daß dein Nabel
mitten im Herzen der Stelle ist
wo angeblich Amors Pfeil
das Herz durchbohrt hat
und dann erst
wenn du erraten hast
daß es ein Herz war
was ich auf dich
gezeichnet habe
erich fried
73---
Esto es amor (Soneto)
Desmayarse, atreverse, estar furioso,
áspero, tierno, liberal, esquivo,
alentado, mortal, difunto, vivo,
leal, traidor, cobarde, animoso;
no hallar fuera del bien centro y reposo,
mostrarse alegre, triste, humilde, altivo,
enojado, valiente, fugitivo,
satisfecho, ofendido, receloso;
huir el rostro al claro desengaño,
beber veneno por licor suave,
olvidar el provecho, amar el daño;
creer que un cielo en un infierno cabe,
dar la vida y el alma a un desengaño:
esto es amor: quien lo probó lo sabe.
LOPE DE VEGA
74---
¿Qué es poesía?, dices mientras clavas
en mi pupila tu pupila azul.
¿Que es poesía?. ¿Y tú me lo preguntas?.
Poesía..., eres tú.
Gustavo Adolfo Bécquer
75---
Andre beten zur Madonne,
Andre auch zu Paul und Peter;
Ich jedoch, ich will nur beten,
Nur zu dir, du schöne Sonne.
Gib mir Küsse, gib mir Wonne,
Sei mir gütig, sei mir gnädig,
Schönste Sonne unter den Mädchen,
Schönstes Mädchen unter der Sonne!
Heinrich Heine
76---
Erich Fried (1921-1988)
Dich küssen wollen
Dich küssen wollen
deine Finger und deine Handflächen
deine Lippen und deine Zunge
deine Augen und deine Brüste
deine Achselhöhlen und Kniekehlen
und deinen Schoß
Dich einatmen wollen
und ausatmen
und wieder einatmen beim Küssen
dich berühren und sehen wollen
und riechen und kosten beim Küssen
Dich anbeten beim Küssen
und bei jedem Gedanken daran
dich geküßt zu haben
und dich wieder zu küssen
Und wissen daß du es bist
beim Denken an dich
und beim Küssen
77---
Ricarda Huch (1864-1947)
Deine Küsse sind so:
Süß wie einst, süßer als einst.
Was du denkst, was du hoffst, was du weinst,
Was in Jahren entfloh,
Ungeküßter Küsse Glut,
Ungestillter Sehnsucht Drang,
Götterkraft, Jugendblut,
Liebe das Leben lang
Überglüht mich heiß,
Überfließt mich ganz,
Wie von den Bergen Weiß
Des Mondes fließt,
Fern ferner Sonnenglanz,
Durch Nacht versüßt.
78---
Heinrich Heine (1797-1856)
Küsse, die man stiehlt im Dunkeln
Und im Dunkeln wiedergibt,
Solche Küsse wie beselgen
Sie die Seele, wenn sie liebt!
Ahnend und erinnrungsüchtig,
Denkt die Seele sich dabei
Manches von vergangnen Tagen,
Und von Zukunft mancherlei.
Doch das gar zu viele Denken
Ist bedenklich, wenn man küßt;
Weine lieber, liebe Seele,
Weil das Weinen leichter ist.
79---
Heinrich Heine (1797-1856)
O schwöre nicht und küsse nur,
Ich glaube keinem Weiberschwur!
Dein Wort ist süß, doch süßer ist
Der Kuß, den ich dir abgeküßt!
Den hab ich, und dran glaub ich auch,
Das Wort ist eitel Dunst und Hauch
80---
Erich Fried
(1921-1988)
Wie du solltest geküsset sein
(nach einem Gedichttitel
von Paul Flemming,
1609-1640)
für Elisabeth
Wenn ich dich küsse
ist es nicht nur dein Mund
nicht nur dein Nabel
nicht nur dein Schoß
den ich küsse
Ich küsse auch deine Fragen
und deine Wünsche
ich küsse dein Nachdenken
deine Zweifel
und deinen Mut
deine Liebe zu mir
und deine freiheit von mir
deinen Fuß
der hergekommen ist
und der wieder fortgeht
ich küsse dich
wie du bist
und wie du sein wirst
morgen und später
und wenn meine zeit vorbei ist
81---
Ingeborg Bachmann (1926-1973)
Reigen
Reigen - die Liebe hält manchmal
im Löschen der Augen ein,
und wir sehen in ihre eignen
erloschenen Augen hinein.
Kalter Rauch aus dem Krater
haucht unsre Wimpern an;
es hielt die schreckliche Leere
nur einmal den Atem an.
Wir haben die toten Augen
gesehn und vergessen nie.
Die Liebe währt am längsten
und sie erkennt uns nie.
82---
Charlotte von Ahlefeld (1781-1849)
An Gräfin Caroline B.
Der Blumen Sprache möchtest Du ergründen,
Um sanft in ihr Dein Innres zu ergießen?
Um in des Kranzes Harmonie zu winden
Des Herzens Blüthen, die sich still erschließen,
Die noch umhüllt von zarter Knospen Grün,
Nur leise Dir im Hauch der Ahndung blühn.
Allein es ward mir nicht die Macht gegeben,
Zu deuten Dir den seelenvollen Sinn,
Der in der Blumen still entsproßtem Leben
Uns zeigt der Mystik magischen Gewinn,
Die im geheimnisvoll gewebten Schleier
Die Seele füllt mit nahmenloser Feier.
Ich kenne nur der Blumen stilles Blühen,
Und ihr Vergehn im Schooße der Natur.
Nur drei sah ich enträthselt einst erglühen,
Im reinen Lichte einer schönern Flur,
Und diese drei will ich Dir liebend brechen,
Bedarfst Du mehr, Dein Innres auszusprechen? -
So nimm denn aus des Sommers reicher Fülle,
Die Lilie, der Unschuld Ebenbild,
Die in der schimmerlosen, weißen Hülle
Den Balsamodem spendet, süß und mild.
In ihr kannst Du mit stillem Selbstvertrauen
Dein eignes Ich in schöner Reinheit schauen.
Die blaue Winde, die die zarten Ranken
Im linden Hauche jedes Lüftchens regt,
Und seufzend säuselt in dem steten Schwanken,
Das ihrer Blüthe tiefen Kelch bewegt -
Sie ist der Sehnsucht Bild, die – tief verschwistert
Dem Sterblichen – in jedem Busen flüstert.
Die Liebe, die des Lebens Kronen windet,
Hat sich die Purpurrose vorbehalten.
Wenn ihre Gluth der Lilie sich verbindet,
Muß sich des Daseyns höchstes Glück gestalten.
In ihres Duftes wonnevollem Gruße
Berührt der Himmel uns mit süßem Kuße.
Mischt sich der Sehnsucht leicht erregtes Beben
In Deines Herzens ruhiges Entzücken,
Wenn Dir der Unschuld Genien das Leben
Im Morgenglanz der Jugend lächelnd schmücken,
So dufte in der Zukunft dunklem Schooße
Dir lohnend einst der Liebe Purpurrose.
83---
Charlotte von Ahlefeld (1781-1849)
Sehnende Erwartung
Es lärmt der Markt – Geräusch erfüllt die Straßen,
Die Glocke klingt, die Thür geht auf und zu,
Und fremde Stimmen, fremde Schritte schallen
Dem lauschenden, getäuschten Ohr entgegen,
Das jedem Selbstbetruge freudig glaubt.
Doch ach umsonst! es regt sich frohes Leben,
Und Thätigkeit im tosenden Gedränge
Der lauten Stadt, die – wie ein wogend Meer
Den isolirten Felsen rings umspühlt -
Mich Einsame umgiebt. – Ach Deine Stimme
Vernehm' ich nicht – harmonisch würde dann
Das wild verworrene Geräusch mich grüßen,
Das jetzt betäubend mir die Brust beklemmt.
Zerstreuung möcht' ich im Gewühle suchen,
Doch mitten unter Menschen fühl' ich mich allein
Mit Deinem Bilde, das in meiner Seele
Mild wie der Mond in ew'ger Klarheit strahlet.
Ja, immer stehst Du vor mir, rein und liebend,
Für mich der Inbegriff des höchsten Glücks.
Aus Deinem Ernste saug' ich meinen Schmerz,
Begeistrung weht Dein Athem mir entgegen
Und neuen Muth erweckt in mir Dein Blick.
O weile nicht – der Trennung finstre Wolken
Umziehen bald den Horizont des Lebens
Und weite Ferne drängt sich zwischen uns.
So gönne mir die letzten, goldnen Strahlen,
Die meine dunkle Bahn mir noch erhellen.
Denn schnell entflieht die Zeit – auf ihren Schwingen
Nimmt sie die Blüthen unsers Daseyns mit,
Und nur die Reue bleibt, die um versäumte Stunden
Den Trauerflor vergebner Wehmuth breitet.
O laß ihr keinen Augenblick verhüllen,
Den wir dem Schicksal abgewinnen dürfen,
Und eile sehnend, wie ich Dich erwarte,
Dem Herzen zu, das Dir entgegen schlägt.
84---
Annemarie Bostroem (geb. 1922)
Laß mich allein, Geliebter, daß der Morgen
mich schlafend finde wie ein müdes Kind.
Zutiefst in meinem Sein bist Du geborgen,
auch wenn wir nicht mehr beieinander sind.
Du darfst mich nie so lieben, daß das Feuer
der Sehnsucht ganz aus meinem Herzen rinnt
und daß nicht im Vollenden schon ein neuer
Brand sich, entzündet, den mir Deine Hand
nicht wieder löschen kann, wenn sie in scheuer
Liebkosung werbend meinen Leib umspannt.
Wenn Du mich liebst, so laß auch von den Qualen
der Trennung jäh in unser bis zum Rand
erfülltes Glück die ersten Tropfen fallen.
85---
Annemarie Bostroem (geb. 1922)
Du bist in meinen Armen eingeschlafen,
und Deine wirren Haare lagen dicht
an meiner Schulter. Meine Blicke trafen
fast scheu Dein wehrlos offenes Gesicht,
als würden sie ein Heiligtum entweihen,
das sie zu hüten hatten, aber nicht
betreten durften. Kannst Du mir verzeihen,
daß ich Dich küßte, daß ich Deine Nacht
nicht ganz von meiner Nähe zu befreien
vermochte? Und Du bist nicht aufgewacht,
als ich den Mund auf Deine Schläfe legte
und spürte, wie sich die geheime Macht
des Blutes darin auf und ab bewegte.
86---
Annemarie Bostroem (geb. 1922)
Weil ich das Feuer liebe, die Gefahr
der freien Flamme, nicht die stille Glut
des Herdes, weil ich Frieden und Altar
für mich verschmähe, opfert sich mein Blut
doch einer Gottheit nur: der Leidenschaft.
Weil ich das Wasser liebe in der Flut
des hohen Meeres, die erlöste Kraft
der Lüfte, unerbittlich klar und groß,
weil ich die Erde liebe und den Saft
der Früchte, die dem mütterlichen Schoß
entquellen: Atem, Duft und Blut für mich,
weil ich das Leben liebe, schrankenlos,
weil ich die Liebe liebe, lieb ich Dich.
87---
Luise Büchner (1821-1877)
Jugendträume
Kalt ist, wer nicht Liebe suchet,
Spricht der Menschen große Zahl,
Elend ist, wer nie empfunden
Ihre Lust und ihre Qual!
Und das Letzte was sie sagen,
O, ich glaub' es ihnen wohl,
Aber niemals kann ich fassen,
Daß man Liebe suchen soll.
Liebe muß sich auf uns senken
Wie ein schöner, gold'ner Traum,
Ahnungslos muß sie durchdringen
Unsres Herzens tiefsten Raum.
Und wenn dann wir leis' erwachen,
Steht sie da als Königin,
Und vor ihrem Strahlenblicke
Sinken machtlos wir dahin.
So muß uns die Liebe nahen,
Soll sie heil'ge Liebe sein,
Denn der Schlaf schützt reine Herzen,
Himmlisches nur läßt er ein.
Wollte Gott mir leuchten lassen
Solcher Liebe Himmelslicht,
Knieend wollt' ich sie empfangen,
Doch sie suchen kann ich nicht
88---
Hilde Domin (1909-2006)
Dein Mund auf meinem
Dein Mund auf meinem.
Ich verlor allen Umriß.
Tausend kleine Blüten
öffneten ihre Kelche
auf meinem Körper.
Du küßtest mich zärtlich
und gingst.
Trockene Scham wie ein Feuer
stand rot mir
auf Bauch und Brüsten.
89---
Hilde Domin (1909-2006)
Galionsfigur
Ich bin nur die Vorderste.
die Galionsfigur,
die sichtbare Spitze
des dunklen Schiffs.
Schweigend wie Tote
aber die ein Ruf weckt
warten die andern,
eine Front wie ein Keil.
Oft ist als reiße die Haut
zwischen einer von ihnen und mir
und ich werde gesalbt
mit der fremden Erfahrung.
Schalen bieten sich dir
in meinen Händen
und fangen dich auf,
über die ich staune wie du.
Und weil ich zittre vor Liebe
sind alle gierig
daß keine Sehnsucht von dir
ungestillt bleibt.
90---
Hilde Domin (1909-2006)
Frage
Nach dem kleinen Zusammenstoß
- ein Druck der Lippe genügt -,
wenn ich eine Wolke werde
oder ein Schiff ohne Anker
auf deinem Meer
oder, ganz einfach,
eine andere Form
für dich,
was wird aus dir?
Und wie vermeidest du's,
am nächsten Morgen
ein wenig befangen zu sein?
91---
Hilde Domin (1909-2006)
Vor Tag
Der Kuß aus Rosenblättern,
immer neue weiche kleine
Blätter der sich öffnenden Blüte.
Nicht jenes Wenig von Raum
für die Spanne des Wunschs
zwischen Nehmen und Geben.
Du hobst die Decke von mir
so behutsam
wie man ein Kind nicht weckt
oder als wär ich
so zerbrechlich
wie ich bin.
Ich wurde nicht wirklicher
als ein Gedicht
oder ein Traum
oder die Wolke
unter der Wolke.
Und doch, als du fort warst,
der zärtliche Zweifel:
Ist es tröstlich
für einen Mann
mit einer Wolke zu schlafen?
92---
Mascha Kaleko (1907-1975)
Ein Herr namens Tristan
Als er zum ersten Mal in meinem Leben
Die Hand mir drückte (halb verführerisch,
Halb sorgenvoll) - auf einmal wußte ich,
Als wär es lang versiegelt und verbucht:
... Dies war er, den ich unbewußt gesucht.
Nie wieder wird es seinesgleichen geben.
Und von dem Tag, wiewohl es streng verboten
War, ihm zu nahn - es sei denn, schwesterlich -
Wenn er mich ansah, sang mein Herz nach Noten:
ich liebe dich ...
Weh mir: ich liebe, liebe, liebe dich!
93---
Mascha Kaleko (1907-1975)
Alle 7 Jahre
In den weisen Büchern habe ich gelesen:
Alle sieben Jahre wandelt sich dein Wesen.
Alle sieben Jahre, merket, Mann und Weib,
Wandelt sich die Seele, wandelt sich der Leib.
Wandelt sich dein Hassen, wandelt sich dein Lieben.
Und ich zählte heimlich: drei Mal, vier Mal sieben.
Ach, die Geister kamen. Und mein Ohr vernimmt:
Alle sieben Jahre ... Siehe da, es stimmt.
Sorgenvoll betracht ich alle Liebespaare.
Ob sie es wohl wissen: Alle sieben Jahre ... !
Selbst in deinen Armen fragt mein Schatten stumm:
Wann sind wohl, Geliebter, unsre sieben um?
94---
Mascha Kaleko (1907-1975)
Vierundzwanzig Stunden täglich
Manche Leute leben völlig gegen die Natur,
Eingespannt und stur,
Mit »eingebauter« Uhr,
Pünktlich nach Minute und Sekunde.
Doch bei mir ist Gott sei Dank von so was keine Spur,
Dem Glücklichen schlägt nämlich keine Stunde.
Und gegen Hast -
Da bin ich fast
Immun!
Es gibt doch so viel Besseres zu tun:
Vierundzwanzig Stunden täglich
Denk ich an dich.
Nur noch an dich.
Nur noch an dich.
Vierundzwanzig Stunden täglich,
Nachts noch im Traum.
Nichts hat neben dir noch Zeit und Raum.
Ob ich glücklich bin? Na, ganz unsäglich!
Volle vierundzwanzig Stunden täglich.
- Wissen möcht ich, was ich früher
All die zeit gemacht,
Eh ich vierundzwanzig Stunden
Nur an dich gedacht.
Manche Leute wissen nichts als Daten nur und Frist,
Und lauter solchen Mist,
Doch nicht, was Liebe ist.
Mich dauern solche abgehetzten Hunde.
Denn ich bin und bleib nun mal ein ewger Optimist,
Dem Glücklichen schlägt nämlich keine Stunde.
Und gegen Hast
Da bin ich fast
Immun!
Es gibt doch so viel Besseres zu tun:
Vierundzwanzig Stunden täglich
Denk ich an dich;
Nur noch an dich.
Nur noch an dich.
Vierundzwanzig Stunden täglich,
Nachts noch im Traum,
Nichts hat neben dir noch Zeit und Raum.
Ob ich glücklich bin? Na, ganz unsäglich!
Volle vierundzwanzig Stunden täglich.
- Wissen möcht ich, was ich früher
All die Zeit gemacht,
Eh ich vierundzwanzig Stunden
Nur an dich gedacht.
95---
Marie Luise Kaschnitz (1901-1974)
Der Mond
Wie wundersam erwacht
Die kaum entschlafne Welt,
Wenn in das Haus der Nacht
Der Schein des Mondes fällt.
O Auge, das nicht sieht,
Erloschener Trabant,
O weißer Kelch, entblüht
Der dunkeln Himmelswand.
Dein Licht beglänzt die Saat,
Der schwarzen Wälder Hut,
Und zittert wie ein Pfad
Auf der bewegten Flut.
Und wie in rascher Flucht
Die Wolken dich umwehn,
Erschimmern Land und Bucht
Und schatten und vergehn.
Wie oft schon, reines Licht,
Der Liebe zugesellt,
Hast du das Angesicht
Des Freundes mir erhellt.
Es fällt der Liebe Wort
Süß in die dunkle Zeit,
Wie Mondschein auf den Ort
Der Traurigkeit.
96---
Else Lasker-Schüler (1869-1945)
DANN
... Dann kam die Nacht mit Deinem Traum
Im stillen Sternebrennen.
Und der Tag zog lächelnd an mir vorbei,
Und die wilden Rosen atmeten kaum.
Nun sehn' ich mich nach Traumesmai,
Nach Deinem Liebeoffenbaren.
Möchte an Deinem Munde brennen
Eine Traumzeit von tausend Jahren.
97---
Else Lasker-Schüler (1869-1945)
ICH BIN TRAURIG
Deine Küsse dunkeln, auf meinem Mund.
Du hast mich nicht mehr lieb.
Und wie du kamst -!
Blau vor Paradies;
Um deinen süßesten Brunnen
Gaukelte mein Herz.
Nun will ich es schminken,
Wie die Freudenmädchen
Die welke Rose ihrer Lende röten.
Unsere Augen sind halb geschlossen,
Wie sterbende Himmel -
Alt ist der Mond geworden.
Die Nacht wird nicht mehr wach.
Du erinnerst dich meiner kaum.
Wo soll ich mit meinem Herzen hin?
98---
Else Lasker-Schüler (1869-1945)
UNGLÜCKLICHER HASS
(Versrelief)
Du! Mein Böses liebt Dich
Und meine Seele steht
Furchtbarer über Dir,
Wie der drohendste Stern über Herculanum.
Wie eine Wildkatze springt
Mein Böses aus mir,
Und beisst nach Dir.
Entrissen
Von Liebesküssen
Aber taumelst Du
In Armen bekränzter Hetären
Durch rosenduftender Sphären
Rauschgesang.
Nachts schleichen Hyänen,
Wie brütende Finsternisse
Hungrig über meine Träume
Im Wutglüh'n meiner Thränen.
99---
Selma Meerbaum-Eisinger (1924-1942)
Schlaflied für die Sehnsucht
O lege, Geliebter,
den Kopf in die Hände
und höre, ich sing' dir ein Lied.
Ich sing' dir von Weh und von Tod und vom Ende,
ich sing' dir vom Glücke, das schied.
Komm, schließe die Augen,
ich will dich dann wiegen,
wir träumen dann beide vom Glück.
Wir träumen dann beide die goldensten Lügen,
wir träumen uns weit, weit zurück.
Und sieh nur, Geliebter,
im Traume da kehren
wieder die Tage voll Licht.
Vergessen die Stunden, die wehen und leeren
von Trauer und Leid und Verzicht.
Doch dann - das Erwachen,
Geliebter, ist Grauen -
ach, alles ist leerer als je -
Oh, könnten die Träume mein Glück wieder bauen,
verjagen mein wild-heißes Weh!
100---
Clara Müller-Jahnke (1860-1905)
Sonnenwende
Es fiel ein Blütenregen
herab auf Wald und Feld,
ein Netz von Sonnenstrahlen
umspinnt die grüne Welt;
das flammt und blüht und duftet
und höhnt den Glockenschlag,
als ging er nie zu Ende,
der süße, goldene Tag . . .
O Tag der Sonnenwende,
vollblühende Rosenzeit,
du hast mir ins Herz geduftet
berauschende Seligkeit!
Das pocht und glüht und zittert
und bebt im Vollgenuß,
als ging er nie zu Ende,
der süße, erste Kuß -
O Tag der Sonnenwende -
101--
Clara Müller-Jahnke (1860-1905)
Für heut
Ich will dir keine Freude rauben
und binde dich mit keiner Pflicht;
ich baue nicht auf Treu und Glauben,
ein festes Wort begehr ich nicht!
Für all die Liebe laß mich danken,
die du mir reich und glühend gibst, -
und mag dein Herz schon morgen wanken:
Ich weiß, daß du mich heute liebst!
Noch schäumt der Wein im Goldpokale,
noch duftet frisch der Blütenstrauß,
die Jugend gießt die volle Schale
des Glücks ob unsern Häupten aus; -
mit allen seinen Glutgedanken
zu eigen nimm mein tiefstes Sein . . .
und mag der Erdball morgen wanken:
Für heut, Geliebter, bist du mein!
102---
Auf die Hände küsst die Achtung,
Freundschaft auf die offne Stirn,
auf die Wange Wohlgefallen,
selge Liebe auf den Mund;
aufs geschlossne Aug die Sehnsucht,
in die hohle Hand Verlangen,
Arm und Nacken die Begierde;
überall sonst hin Raserei!
Franz Grillparzer
103---
Entmystifizierung des Sex
Du sagst
Ich soll nicht
LIEBE
Und LIEBEN sagen
Das bringt nichts mehr
Meinst du
Und ist zu mystisch
Und zu verschwommen
Nun ja
Ich kann natürlich
Auch die Zähne zusammenbeißen
Und BUMSEN sagen
Oder vielleicht sogar
FICKEN sagen
Wie du
Doch du weißt gar nicht
Wie mich das
Abregt
erich fried
--
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:16
103---
Bertolt Brecht
Sonett Nr. 10
(Von der Scham beim Weibe)
Ich lieb es nicht, wenn Weiber lange brauchen
Denn mir gefällt, die unersättlich kam
Und rasch gestillt wird ihre schnelle Scham
Zwischen Durst und Abwehr pausenlos verhauchen.
Der Liebesakt muß sie von Grund verändern
Bis zur Entstellung! Mit vermischten Leibern
Sei'n bei den Männern und sei'n bei den Weibern
Die Köpfe so entfernt wie in verschiedenen Ländern.
Zu große Scham, dem Mann ans Fleisch zu greifen
Zu große Lust, es ganz sich zu verkneifen
Das Weib soll sein an seiner Lust gemessen.
Zu schön, sich nicht zum Warten zu bequemen
Zu unersättlich, nicht alles zu nehmen
Ist es gestattet ihr, sich zu vergessen.
104---
HEINRICH HEINE (1797-1856
Das Hohelied
Des Weibes Leib ist ein Gedicht,
Das Gott der Herr geschrieben
Ins große Stammbuch der Natur,
Als ihn der Geist getrieben.
Ja, günstig war die Stunde ihm,
Der Gott war hochbegeistert;
Er hat den spröden, rebellischen Stoff
Ganz künstlerisch bemeistert.
Fürwahr, der Leib des Weibes ist
Das Hohelied der Lieder;
Gar wunderbare Strophen sind
Die schlanken, weißen Glieder.
O welche göttliche Idee
Ist dieser Hals, der blanke,
Worauf sich wiegt der kleine Kopf,
Der lockige Hauptgedanke!
Der Brüstchen Rosenknospen sind
Epigrammatisch gefeilet;
Unsäglich entzückend ist die Zäsur,
Die streng den Busen teilet.
Den plastischen Schöpfer offenbart
Der Hüften Parallele;
Der Zwischensatz mit dem Feigenblatt
Ist auch eine schöne Stelle.
Das ist kein abstraktes Begriffspoem!
Das Lied hat Fleisch und Rippen,
Hat Hand und Fuß; es lacht und küßt
Mit schöngereimten Lippen.
Hier atmet wahre Poesie!
Anmut in jeder Wendung!
Und auf der Stirne trägt das Lied
Den Stempel der Vollendung.
Lobsingen will ich dir, o Herr,
Und dich im Staub anbeten!
Wir sind nur Stümper gegen dich,
Den himmlischen Poeten.
Versenken will ich mich, o Herr,
In deines Liedes Prächten;
Ich widme seinem Studium
Den Tag mitsamt den Nächten.
Ja, Tag und Nacht studier ich dran,
Will keine Zeit verlieren;
Die Beine werden mir so dünn -
Das kommt vom vielen Studieren.
105---
Je suis perdu, vois-tu,
je suis noyé,
inondé d'amour;
je ne sais plus si je vis,
si je mange,
si je respire,
si je parle;
je sais que je t'aime.
- Alfred de Musset
106--
Toi, dans un samedi d'automne;
Avec un simple baiser à conquis mon coeur,
A changer ma vie d'un ton monotone,
Et me fais vivre le bonheur!
Aujourd'hui, malgré les interdits,
Et le distance "Je t'aime"
Je rêve, avec toi de faire ma vie,
Et comme pour Quasimodo être ta bohème!
Le matin, je pense à toi,
Et toute la journée, j'ai envie d'être dans tes bras
Mes pensées et mon coeur sont à toi,
Ma vie ne rime à rien sans tes bras!
Depuis, que tu es entré dans ma vie,
Tu me fais découvrir la vie en rose,
Et à fait renaître mes rêves et mes envies
Mon coeur devant toi, est en pause.
Tu m'es plus précieux que l'or,
Je te veux pour l'éternité.
Je t'aime, je t'adore,
Et me comble de ta gentillesse et ta beauté.
- Angélique Rousselot -
107--
Seuls Sur Le Sable
Je respire l'odeur de ton corps chaleureux.
Tu m'embrasse et vois s'afficher un sourire radieux
Sur mon visage éclairé d'une exquise lumière
Celle que m'offre tes yeux bleu clair.
L'élixir de ta bouche où l'amour se propage
Et de part en part enveloppe mon visage
Rempli à jamais mon coeur de douceur
Et vers toi mes désirs partent sans peur.
J'aime voir ton être frémir avec ton âme
Quand dans le mien ton corps s'enflamme
Et boire ton souffle comme un cadeau de la vie
Ainsi nous sommes réunis en une parfaite harmonie.
Puis, quand la nuit voluptueuse pénètrera les cieux,
Que tu dormiras paisiblement à l'ombre de mes seins,
Je déposerai, éternel et muet, un baisé d'adieux
Sur les lèvres de ton sommeil divin.
- Perrine Demailly -
108--
Toi
Ton prénom résonne dans ma tête
comme une douce mélodie,
Tes sourires ravivent
mes jours de pluie.
Tes yeux, j'en rêve
jour et nuit,
Tes lèvres me font
oublier mes soucis.
Je rêve d'être dans tes bras
avec envie,
Auprès de toi
j'aimerai passer ma vie.
Je t'aime.
- Amandine Terrettaz -
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:13
FURIEUSEMENT
Je veux te prendre, toi que je tiens haletante
Contre mes seins, les yeux de noirs de consentement ;
Je veux te posséder comme un amant,
Je veux te prendre jusqu'au cœur !...Je veux te prendre !...
Ah ! rouler ma nudité sur ta nudité,
Te fixer, te dévorer les yeux jusqu'à l'âme,
Te vouloir, te vouloir !... Et n'être qu'une femme
Sur le bord défendu de la félicité !...
Et m'assouvir d'une possession ingrate
Qui voudrait te combler, t'atteindre, t'éventrer,
Et qui n'est rien qu'un geste vain d'ongle fardé
Fouillant de loin ta chair profonde et délicate !...
Lucie Delarue Mardrus
---
LE DANGEREUX DÉSIR
I
Viens ce soir sur la berge où rampent les eaux riches
De reflets isolés plus rouges que du sang ;
La Seine a des profils sinistres de péniches
Et tout l'air des bas-fonds d'un Londres menaçant.
Je te tiens au poignet, mal vêtue et perverse,
Blonde, blonde !... et britannique terriblement...
N'imagines-tu pas, dans ce vent plein d'averse,
Qu'il pourrait arriver un sombre événement ?
N'attends-tu pas de moi quelques mauvais absences
Où le geste brutal qui tourmente mon poing
Me jettera sur toi, pâle de jouissance,
Pour t’assommer à coup de caillou dans un coin ?
Qui sait si tel sursaut d'origines douteuses
Ne me fait pas un sang de garce ou d'assassin,
Ce soir, devant ce fleuve et dans cet air malsain
Où gronde la couleur des usines fumeuses ?
Pourquoi m'avoir parlé si longtemps de ton mal
Poétique et pervers de riche détraquée,
Sans voir quelle prunelle obscure d'animal,
Brillait, dans la douceur de mes cils embusqués ?
- Ah laisse-moi ! Va-t-en ! Je me retournerai
Contre toi tout à coup, les yeux noirs d'anarchie,
Pour te frapper, pour t'écraser ce coeur doré
En face du malheur éternel de la vie !..
II
A quoi bon tout cela, puisque la vie est autre ?
Il vaudra toujours mieux n'avoir rien dit ni fait.
Ma colère subite et profonde d'apôtre,
Je l'oublierai, je la renierai, s'il te plaît.
Voici l'ombre odorante et la douceur des choses ;
Je retombe dans les coussins dont j'ai médit.
Ah ! sombrer dans la joie et rouler dans les roses,
Et ne plus rien savoir que le bonheur du lit !
Penche-toi sur mes yeux où le regard trépasse.
Où te veut tout un long désir de velours noir.
Je m'abandonne et m'affaiblis, je me sens lasse
Contre tes seins vivants et tièdes dans le soir.
Que, lentes, la richesse et la douceur de vivre
Nous balancent au fond d'un suprême hamac
Et que notre âme en nous repose comme un lac
Jusqu'à l'heure aux yeux durs de se prendre et d'être ivres.
- Comment me souviendrais-je encore du sanglot
Rauque et du cauchemar plein d'averse des berges,
Lorsque baignent tes bras, tes hanches, tes seins vierges,
Dans cette étoffe bleue et douce comme une eau ?
A genoux devant toi, toute blancheur, j'abjure
Les ténèbres qui nourrissaient mon rêve amer :
Je ne veux plus porter en moi comme une blessure
Que le génie ardent et profond de la chair !
Lucie Delarue Mardrus
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:10
+
"Coucher avec elle
Pour le sommeil côte à côte
Pour les rêves parallèles
Pour la double respiration
Coucher avec elle
Pour l'ombre unique et surprenante
Pour la même chaleur
Pour la même solitude
Coucher avec elle
Pour l'aurore partagée
Pour le minuit identique
Pour les mêmes fantômes
Coucher avec elle
Pour l'amour absolu
Pour le vice pour le vice
Pour les baisers de toute espèces"
Robert Desnos
voluptuosissimus - 25. Apr, 15:08